samedi 15 août 2015

BIENVENUE...



... au COURS PRÉPARATOIRE

École élémentaire des Arènes
14, rue Marceau

Madame Françoise MAILLOT, Directrice
Tel. : 04 70 03 12 93
ecole.neris-bains.03@ac-clermont.fr


 

mardi 4 août 2015

Vers le bloc-notes de l'année 2015/2016 >>>
http://skhole.fr/questions-ouvertes-pour-l-ecole-du-xxie-siecle-l-ecole-peut-elle-etre-juste

vendredi 19 juin 2015

spectacle de fin d'année



Chers parents,

Notre classe ouvre la première partie du spectacle de fin d'année, au théâtre.
Aucune tenue vestimentaire spéciale.
Nous nous donnons rendez-vous à 17h45 au pied de l'escalier.

Conseils aux plus jeunes (et à leurs parents)

Patrice Corre, ancien proviseur du Lycée Germaine de Staël à Montluçon est aujourd'hui proviseur du Lycée Henri IV à Paris.  

Il est ici interrogé par le magazine Phosphore
http://www.phosphore.com/video/318/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-1-3.html

D’après Patrice Corre, pousser un enfant dans un établissement avec de fortes exigences de travail et de résultats peut mener à l’échec.


http://www.phosphore.com/video/319/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-2-3.html

Un conseil pour remplir le dossier de fin de troisième : « mettre en premier choix un lycée qu’on a toute les chances d’avoir ! » Explications de Patrice Corre.


http://www.phosphore.com/video/320/patrice-corre-proviseur-du-lycee-henri-iv-a-paris-3-3.html

« Travaillez, ayez de l’ambition scolaire ! » Pour Patrice Corre, les places dans les lycées les plus cotés se conquièrent par la volonté ; elles ne sont pas réservées à une élite sociale.


mardi 16 juin 2015

Pour information...




samedi 13 juin 2015

Comment les robots nous aident à comprendre l'homme

Présentation de Pierre-Yves Oudeyer à la conférence LIFT Marseille, octobre 2013

Pierre Yves Oudeyer, directeur de recherche à Inria, s'appuie sur des expériences avec des robots pour explorer des questions essentielles sur l'homme : Qu'est-ce que marcher et comment cela s'apprend-il ? Comment un enfant peut-il apprendre par lui-même à interagir avec les objets qui nous entourent ? Comment peut-il aussi apprendre à interagir avec les autres ? Comment naissent les langues ? Derrière ces questions, il étudie le rôle de l'auto-organisation, ainsi que celui du corps, qui peut avec les robots devenir une variable expérimentale. Et pour permettre à d'autres de poser leurs propres questions, il nous présente Poppy, "le premier robot humanoïde imprimé en 3D et open-source" (voir http://www.poppy-project.org ).

(This work by Lift Conference is licensed under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 2.5 Switzerland License. Original link: http://videos.liftconference.com/vide...)

Bio:
Pierre-Yves Oudeyer, directeur de recherche à Inria, étudie les mécanismes de l'apprentissage et du développement sensorimoteur, cognitif et social chez l'humain et chez les robots. Suivant une approche multidisciplinaire, où les sciences informatiques et robotiques participent à notre compréhension du vivant et de l'homme, il s'intéresse au rôle de l'auto-organisation et de l'apprentissage au cours des interactions entre cerveau, corps et environnement physique et social.

En particulier, il étudie le rôle de la curiosité et des motivations intrinsèques dans l'acquisition de nouveaux savoir-faire, et a joué, avec ses collaborateurs, un rôle pionnier dans l'élaboration de mécanismes de curiosité en robotique et en intelligence artificielle. Ces expérimentations robotiques ont aussi mené à des hypothèses nouvelles sur l'organisation du développement cognitif chez l'enfant, et la manière dont il découvre progressivement son corps et les interactions avec son environnement.

Il a également étudié la manière dont des langues nouvelles peuvent se former dans des communautés d'individus, et en particulier en construisant et en analysant des populations de robots capables d'inventer leurs propres langues.

Lauréat du programme européen ERC et du prix Le Monde de la recherche universitaire, il dirige l'équipe Flowers à Inria et à l'Ensta ParisTech, et a été chercheur au Sony Computer Science Laboratory à Paris.

Il participe aussi activement à la diffusion des sciences vers le grand public, au travers de l'écriture d'articles et de livres de vulgarisation, et en participant à des expositions sur les sciences. Il a notamment participé à l'exposition "Mathématiques: Un Dépaysement Soudain" à la Fondation Cartier, et collaboré avec le cinéaste David Lynch dans le cadre du projet Ergo-Robots.

Web: http://www.pyoudeyer.com
Flowers team: https://flowers.inria.fr
Poppy project: http://www.poppy-project.org

Twitter: https://twitter.com/pyoudeyer
Youtube: http://www.youtube.com/channel/UC7QuD...



 

vendredi 12 juin 2015

Alice et les traductions du temps présent

Lire le texte intégral de l'article sur http://leblogdenathaliemp.com/2015/06/12/alice-et-les-traductions-du-temps-present/#more-3851

Alice

... La crainte du nivellement par le bas exprimée par les enseignants est partagée par un collectif d’étudiants et de jeunes professionnels. Ils ont publié hier une tribune dans le Huffington Post ainsi qu’une lettre ouverte à la Ministre de l’Education dans le Figaro. Ils expliquent qu’ils sont issus des filières d’excellence sans pour autant faire partie des classes sociales favorisées et que l’accès aux classes bilangues, au latin et au grec, ainsi qu’à un enseignement scientifique et littéraire complet, fut pour eux le moteur riche et passionnant de la réussite. Ils demandent à la Ministre de suspendre l’exécution du décret d’application de la réforme du collège afin d’ouvrir un vrai débat démocratique sur la question.
Il se trouve qu’au même moment, le Projet Voltaire, service internet de formation à l’orthographe et à la grammaire, publiait les résultats d’une étude conduite auprès de 50 000 participants : en 2010, ils étaient 51 % à maîtriser correctement l’ensemble des règles de la langue française tandis qu’ils ne sont plus que 45 % en 2015. « Je ne pensais pas que la baisse serait aussi spectaculaire en seulement cinq ans ! » se désole Pascal Hostachy, fondateur du projet. Il souligne que la qualité orthographique dépend directement de notre confrontation à l’écrit, c’est-à-dire à la lecture. Si dans cette étude les femmes réalisent de meilleures performances que les hommes, c’est parce qu’elles lisent plus. La lecture est au coeur de notre apprentissage et de notre maîtrise du Français, et cela commence dès l’enfance.
Quant à moi, chaque année à la même époque, je me lance dans une vaste opération de tri et de rangement en prévision de la célèbre braderie de la rue d’Isly. C’est l’occasion de me replonger avec délice et nostalgie dans les livres que j’ai dévorés passionnément quand j’étais élève à l’école primaire ou en classe de sixième. Parmi eux, Les six compagnons de la Croix-Rousse, et surtout, Alice, mon héroïne préférée. Et c’est aussi l’occasion de faire quelques comparaisons entre les éditions successives.
Quelques mots sur Alice Roy, jeune américaine intelligente, indépendante et sportive, dont les talents de détective et les qualités de coeur vont redonner le sourire à maintes personnes lésées, trompées ou terrorisées. En anglais, elle s’appelle Nancy Drew. Son auteur, Caroline Quine (Carolyn Keene en anglais) est en fait un nom de plume regroupant plusieurs rédacteurs. Elle apparait aux Etats-Unis en 1930 et en France en 1955. Le directeur des collections jeunesse chez Hachette, ancien professeur d’anglais, souhaite alors relancer la Bibliothèque verte en éditant des séries anglo-saxonnes qui mettent en scène des héros récurrents. Le premier titre publié sera Alice détective, bientôt suivi de Alice au bal masqué. Commence alors une carrière pleine de succès pour la série Alice qui sera très longtemps en tête des ventes de la Bibliothèque verte. La première traductrice de la série fut Hélène Commin et le premier dessinateur, celui qui fixera un certain nombre de caractéristiques visuelles du personnage, tel que le bandeau dans les cheveux, fut Albert Chazelle.
Mais au fil des années, textes et illustrations subissent quelques aménagements. Quand j’ouvre mon exemplaire d’Alice au bal masqué, par exemple, et que je le rapproche de celui que j’ai acheté pour ma fille quelques décennies plus tard, je découvre que les traductions et les textes de quatrième de couverture (cliquer sur les photos pour mieux lire) ont évolué comme ceci :

Texte de 1962 :
“Ce costume te va à ravir, Alice”, dit la vieille Sarah. Elle enveloppa la jeune fille d’un regard plein de tendresse, puis ajouta en souriant: “Il te donne, de plus, un air si mystérieux….” Alice Roy achevait de s’habiller pour le bal masqué auquel elle était invitée ce soir-là chez les parents de Gloria Harwick, son ancienne camarade de lycée. Elle devait s’y rendre en compagnie de Ned Nickerson, ami d’enfance qui se faisait volontairement son chevalier servant. Pour l’occasion, elle avait revêtu un déguisement de grande dame espagnole: longue robe rouge à volants et mantille de dentelle. Debout devant sa psyché, Alice assura soigneusement la perruque brune qui dissimulait ses boucles blondes. Un loup de satin noir au bavolet de tulle dissimulait entièrement son visage, ne laissant voir que les yeux bleus, pétillant de malice derrière les fentes du masque. »

 Texte de 2008 :
“Ce costume te va à ravir, Alice”, affirme Sarah. Elle ajoute en souriant: « Il te donne un petit air mystérieux… » Alice Roy achève de s’habiller pour le bal masqué auquel elle était invitée ce soir-là chez les parents de Gloria Hendrick, une ancienne camarade de lycée. Elle doit s’y rendre en compagnie de Ned Nickerson, son chevalier servant. Pour l’occasion, elle a revêtu un déguisement de grande dame espagnole : longue robe rouge à volants et mantille de dentelle. Debout devant son miroir, Alice ajuste soigneusement la perruque brune qui dissimule ses boucles blondes. Un loup de satin noir cache son visage, ne laissant apparaître que ses yeux bleus pétillant de malice. »
Entre 1962 et 2008, s’intercalent d’autres versions qui concourent toutes à la cure d’amincissement du texte, provoquant parfois de grandes déceptions chez les adultes qui ont grandi avec Alice, le Club des cinq ou les Six compagnons. A travers cet exemple, on a tout loisir de constater  : 1. que le récit ne se fait plus à l’imparfait et au passé simple, mais au temps présent, 2. que les détails descriptifs sont limités voire supprimés  (regard plein de tendresse, bavolet de tulle) et 3. que le vocabulaire est simplifié de manière à ne garder que les termes génériques à l’exclusion de tout terme spécialisé (psyché devient miroir, dissimuler devient cacher).
La réaction immédiate consiste à se dire que décidément nos enfants ne sont pas aidés. Si la lecture est le vecteur de la connaissance de la langue, si elle est le moyen d’apprendre à exprimer des idées variées avec des mots et des connecteurs logiques variés utilisés dans une concordance des temps également logique, il n’est guère étonnant qu’ils aient de plus en plus de mal à s’exprimer à l’écrit comme à l’oral, tant les modèles qu’on leur donne sont allégés. On se demande à quoi pensent les éditeurs : jugent-ils avec un total réalisme que les jeunes d’aujourd’hui sont tellement mal formés à l’école que s’ils veulent encore vendre des livres il faut leur donner de la lecture basée sur un ensemble très limité de vocabulaire et de syntaxe ?
J’ai eu la chance de pouvoir contacter par téléphone un responsable d’édition de Hachette Jeunesse, et je le remercie ici du temps qu’il m’a consacré. Je lui ai fait part de mon étonnement devant ce que je qualifierais d’appauvrissement des textes proposés aux jeunes et je lui ai expliqué que j’aimerais beaucoup avoir son point de vue d’éditeur. Il m’a tout de suite reprise. Il n’est pas du tout question d’appauvrissement, mais de modernisation. La société a évolué, les enfants ont changé et sont confrontés à des modes de communication très diversifiés. Ils ont l’habitude de passer très rapidement d’un centre d’intérêt à un autre. Pour les attirer vers la lecture, il faut donc qu’ils y retrouvent les caractéristiques des autres médias. L’utilisation systématique du présent vise à accélérer le récit, de même que la suppression des passages trop descriptifs. Hachette considère que les textes comme Alice sont intemporels : on garde l’histoire, mais on la transpose et on l’adapte au fil du temps. Par contre, les textes dits « d’auteurs » sont conservés en l’état, des renvois en bas de page apportant les éventuelles explications nécessaires. C’est le traitement appliqué à la comtesse de Ségur, par exemple.
Sous les propos de l’éditeur, on comprend malgré tout que le public des lecteurs doit être encouragé (*) et qu’il importe d’aller au devant de lui. Les Bibliothèques rose et verte sont maintenant pratiquement entièrement dédiées à la transposition à l’écrit de séries télévisées en vogue auprès des enfants. Quant à la modernisation d’Alice, elle correspond bien à une perte de contenu dans la mesure où ces textes sont maintenant édités en Bibliothèque rose, c’est-à-dire pour un lectorat beaucoup plus jeune que lorsque la série a démarré en France en 1955.
S’il est vrai que le monde évolue, il me semble que c’est plutôt dans le sens d’une complexification croissante. J’ai du mal à croire que le langage qui sert à décrire le monde puisse dans le même temps se recroqueviller sur lui-même. Ne parlons pas spécifiquement vocabulaire, il est très possible que sur ce plan-là nous ne soyons pas en train de vivre un appauvrissement mais un glissement vers un remplacement : psyché devient désuet, mais fournisseur d’accès internet va peut-être faire son entrée dans le dictionnaire. Parlons plutôt syntaxe, conjugaison et variété de la langue : ce sont les éléments centraux d’un langage évolué car il est question de subtilité, de logique et d’articulation des pensées. Toute éducation qui voudrait s’en affranchir constituerait selon moi une régression intellectuelle grave.

(*) Mise à jour du vendredi 12 juin 2015 à 12 h : Hachette Jeunesse me fait savoir que la collection en question est en pleine santé.

mercredi 10 juin 2015

Natacha Polony : Lettre ouverte au président qui renie Jules Ferry

Lu sur http://laicite-revue-de-presse.fr/?p=5576
... ...

Dans « Marianne » No 943 en kiosques le vendredi 15 mai et disponible aussi au format numérique, Natacha Polony explique que « ce qui est en train de se mettre en place est la phase terminale et métastasée de l’entreprise de démolition de l’école républicaine ». Car selon la journaliste, la « philosophie » de cette réforme du collège « n’est que le prolongement de toutes celles qui ont précédé depuis trente ans ». Néanmoins, elle rappelle François Hollande à ses « engagements » de campagne et à son discours du Bourget où, écrit-elle, « la République illuminait chaque phrase ». Voici cette « lettre ouverte ».

Monsieur le Président,
Qu’avez-vous fait du plus grand combat de la gauche républicaine ? Votre pre­mier hommage, le jour de votre investiture, fut pour les mânes de Jules Ferry. A quoi tout cela a-t-il servi ? Non, vous ne ferez croire à personne que vous imagi­nez réellement améliorer l’école française en lui administrant la po­tion qu’elle avale depuis trente ans. Relisez les réformes, programnes et recommandations produits au kilomètre, vous y trouverez les mêmes mots, les mêmes considé­rations : « Donner du sens aux ensei­gnements » à travers des « projets interdisciplinaires », « individua­liser les parcours » pour « passer du collège pour tous au collège pour chacun ». Qu’il y ait des illuminés pour nous expliquer que le malade est mourant parce que la saignée n’a pas été assez importante, et qu’il faut continuer, il fallait s’y attendre, mais pas vous.

Alors, une question nous vient : pourquoi tous ces gens s’échinent­-ils à priver le peuple des connais­sances qui émancipent les êtres et les font maîtres d’eux-mêmes ? L’intuition de leur propre carence ? On comprend dès lors que votre ministre traite de « pseudo-intellec­tuels » des académiciens et des pen­seurs qui s’inquiètent de l’éradica­tion ultime des langues anciennes (transformée par la magie de la communication politique en « extension à tous les élèves de l’accès au latin » ; l’accès seulement). Mais Najat Vallaud-Belkacem est habile : avec votre bénédiction et la compli­cité de ses adversaires politiques et d’une partie des médias, elle tente le tour de passe-passe qui seul peut sauver sa calamiteuse réforme : la transformer en un combat de « la gauche » contre « la droite », de « l’égalité » contre « l’élitisme ».

Alors il faut aller au fond des choses et expliquer précisément pourquoi le collège rêvé par Mme Najat Val­laud-Belkacem est la négation absolue de l’idéal égalitaire que vous prétendez poursuivre. Pour­ quoi ce qui est en train de se mettre en place est la phase terminale et métastasée de l’entreprise de dé­molition de l’école républicaine, outil d’émancipation d’un peuple de citoyens, au profit d’une fabrique de consommateurs-producteurs adaptables aux aléas du marché du travail en économie mondialisée.

Il y a la question, bien sûr, des langues anciennes, dont on éli­mine l’enseignement précis, qui seul permet de structurer la pen­sée et d’entrer pleinement dans la compréhension d’une civilisation. Il y a la question des classes bilangues que l’on veut supprimer par haine de tout ce qui pourrait ressembler à une distinction. Pensez donc,des parents ignobles qui chercheraient à soustraire leurs enfants à la belle mixité sociale ! Quand ces classes permettent au contraire, implan­tées dans des collèges de banlieue, d’y maintenir les enfants de classe moyenne en donnant l’espoir aux parents d’y trouver exigence et dis­cipline. Et puis il y a la question des programmes d’histoire, illustration pathétique de la soumission à l’air du temps et aux impératifs d’auto­-flagellation.

Mais il y a surtout la philosophie de cette réforme, qui n’est que le prolongement de toutes celles qui ont précédé depuis trente ans. Et voilà bien l’escroquerie. Escroquerie de ceux qui veulent présenter comme moderne le florilège de toutes les vieilles lunes pédago­giques qui doivent au système scolaire français d’être devenu en vingt ans le plus inégalitaire au monde, celui où les pauvres ont le moins de chances de réussir (lisez les enquêtes Pisa, monsieur le Président : elles sont notre honte). Escroquerie, également, de ceux qui hurlent au scandale quand cette réforme du collège est à peu près le copier-coller de la réforme du lycée de la présidence Sarkozy. Quand elle n’est en fait qu’un épisode de plus de ce grand démantèlement, après la loi d’orientation de 1989 signée Lionel Jospin, après les réformes de 1999 signées Claude Allègre et Jack Lang, après la loi d’orientation de 2005 signée François Fillon… 

A quoi devons-nous ce bel unanimisme ? A l’implantation, bien sûr, à tous les échelons de la Rue de Grenelle, de ces « experts » dont la principale compétence est de survivre à tous les régimes. Mais surtout à la diffusion chez tous les acteurs et décideurs, de droite comme de gauche, d’une vulgate imprégnée d’idéologie managé­riale et de culte de l’évaluation. Les petits comptables ont rem­placé les visionnaires. Condorcet et Jules Ferry ont été pulvérisés par un executive-manager. Au cœur de tout cela, les fameuses « compétences » qui ont fait leur entrée dans l’école à l’occasion de la loi Fillon de 2005, à travers le « socle commun » .Avez-vous déjà ouvert un livret de compétences, monsieur le Président ? Vous qui aimez les blagues, vous aurez le summum de l’humour absurde.

Évaluation des compétences, valorisation des acquis, tout ce vocabulaire issu du management s’est imposé à tous les échelons du système sous la pression des ins­tances internationales, OCDE et Union européenne, qui considèrent l’éducation comme un critère de performance dans le cadre d’une économie mondialisée. En 1995, le livre blanc de la Table ronde des entreprises européennes, un des lobbys gravitant à Bruxelles, esti­mait d’ailleurs que « l’éducation doit être considérée comme un ser­vice rendu aux entreprises ». C’est aujourd’hui chose faite, même si l’on habille ça de plus d’élégance. On dira « préparer les élèves au monde de demain ».

La droite libérale moderniste applaudit (tout en protestant quand on éradique de façon trop ouverte le patrimoine) : tout cela est en phase avec sa vision utilitariste et comp­table. Tout au plus réclame-t-elle davantage de nouvelles technolo­gies et d’«anglais de communication internationale ». Mais c’est bien la gauche qui a amorcé le mouvement. Et pas seulement parce qu’une bonne part de cette gauche (le nierez-vous ?) s’est ralliée à cette vision utilitariste du monde. Il y a, bien sûr, les discours gentillets sur la nécessité de ne pas humilier les chérubins… Il y a surtout cette vieille haine des savoirs « élitistes » et « bourgeois» qui ne serviraient qu’à la « distinction » des « héri­tiers ». Merci, Pierre Bourdieu.

Du stand-up plutôt que Racine et Corneille, des « débats citoyens » plutôt que des connaissances qui construisent le jugement, un caté­chisme du vivre-ensemble plutôt que le roman national qui fonde la nation en y agrégeant tous les enfants, nouveaux venus ou non… Tout ce qu’il faut pour fabriquer des ignorants satisfaits, « à l’aise à l’oral », mais ne maîtrisant ni la langue française, ni le monde qui les entoure. Faut-il vous infliger les statistiques ? Sortez, monsieur le Président, interrogez des artisans, des commerçants, tout votre peuple qui accueille des apprentis et découvre avec stupéfaction qu’ils ne savent pas écrire sous la dictée et ne comprennent pas une recette de cuisine ou un manuel d’utilisation d’un appareil.

Droite et gauche ont depuis trente ans abandonné l’idée héritée de l’humanisme et des Lumières d’un savoir qui nous émancipe et nous transforme, un savoir qui vaut par lui-même, et non comme un prétexte au déploiement de com­pétences diverses s’exprimant à travers des « projets interdisci­plinaires », seuls capables de faire supporter l’ennui qu’inspirent les chefs-d’œuvre de la littérature ou la connaissance du règne d’Hen­ri IV. Le contenu de l’enseigne­ment ne les intéresse pas. Parce que l’institution d’hommes libres, capables de choisir leur destin en commun, ne les intéresse pas.
Voilà bien pourquoi les alter­nances électorales n’ont pas empê­ché la lente descente aux enfers et ce que Marianne a appelé le « massacre des innocents ». Voilà pourquoi Nicolas Sarkozy, qui fut élu en 2007 grâce à son discours sur l’école, la mémoire, la transmission, a trahi. Voilà pourquoi vous-même, qui avez été élu grâce à un discours, celui du Bourget, où la République illuminait chaque phrase, avez oublié vos engagements d’alors. Voulez-vous vraiment, monsieur le Président, continuer à priver les plus pauvres du seul bien qu’il leur reste, l’école républicaine ?

vendredi 5 juin 2015

Témoignage sur l’état de l’École

Par Robin Guilloux

Professeur certifié de Lettres, titulaire d'une maîtrise d'enseignement en philosophie, je suis actuellement à la retraite de l'Education nationale depuis 2010.
J'ai été professeur de Français et de Philosophie dans l'enseignement privé sous contrat, puis de Français dans l'enseignement public, après l'obtention du CAPES de Lettres.
Je ne me fais aucune illusion sur l'efficacité de mon témoignage qui recouvre une période de plus de trente ans sur tous les niveaux (collège, lycée, lycée professionnel), aussi bien dans des "lycées chics" de centre-ville (à Lyon), que dans des collèges de banlieue classés ZEP (zone d'éducation prioritaire pour les non-initiés).
Personne n'écoute les personnels de terrain et surtout pas les technocrates "progressistes" de la rue de Grenelle (le ministère de l'Éducation nationale).

Mais je commence à me faire vieux (65 ans, dont plus de trente à blanchir sous le harnais de l'Education nationale) et j'ai besoin de parler (et si sum "vox clamantis in deserto"), d'autant que je ne suis plus soumis à l'obligation de réserve et que je ne risque plus rien (sous les apparences du pays des Bisounours, l'Éducation nationale est un système totalitaire et il faut veiller à rester dans le politiquement correct).
Pendant trente ans, année après année, j'ai assisté à la destruction progressive de l'École de la République. Le processus a commencé avec la Réforme Haby en 1975 (je faisais encore mes études universitaires) et s'est poursuivi sous le prétexte trompeur de la "démocratisation de l'École".

Les "crans d'arrêt" ou, si l'on préfère, les garde-fous mis en place par la Réforme contre le "collège unique" : orientation après la cinquième, CPPN, 4ème et 3ème technologiques, redoublements, etc. ont été peu à peu supprimés par les gouvernement successifs de Gauche comme de Droite, mais avec une nette accélération à partir des années 90 et la Loi d'orientation de 89, dite, "Loi Jospin", qui a mis, comme on le sait, l'élève "au centre du système éducatif".
Ces réformes successives, appuyées par la pression du lobby pédagogiste piloté par l'inénarrable Philippe Meirieu (bien creusé, vieille taupe !) ont abouti à la situation catastrophique que nous connaissons aujourd'hui : 30 % d'élèves qui entrent en 6ème sans savoir lire et écrire correctement et qui ne possèdent pas les bases nécessaires pour effectuer un raisonnement mathématique et un collège qui ne parvient plus à combler les lacunes abyssales des élèves et dont nos responsables politiques ont décidé de "jeter l'éponge" en les transformant en "lieu de vie".

Devant cette situation, n'importe quelle personne sensée se poserait la question de l'efficacité des méthodes d'enseignement utilisées (à de rares exceptions près) à l'école primaire : méthode globale, observation réfléchie de la langue substituée à la grammaire traditionnelle, cours de vocabulaire réduits à la portion congrue, suppression du "par cœur", multiplication des "sorties éducatives", introduction massive de l'informatique, de l'éducation à la citoyenneté, de l'éducation au tri des déchets ménagers et de toutes sortes de belles choses (j'en passe et des meilleures) dont je me garderais bien de nier l'utilité (ah ! le critère de '"l'utilité" !), mais qui ont eu une fâcheuse tendance à se substituer à la transmission des savoirs, les instituteurs (pardon, les "Professeurs des Écoles") ayant été sommés de se métamorphoser en gentils moniteurs de colonie de vacances.
Mais les technocrates de la rue de Grenelle (comme tous les technocrates du monde, par exemple ceux de Bruxelles) sont tout sauf des gens sensés et obéissent à une logique particulière : le collège français ne marche pas parce qu'il y a encore trop de transmission et "d'enseignements frontaux" et pas assez de "pédagogie progressiste", variante de : "le communisme ne marche pas parce qu'il n'y pas assez de communisme !" ou "l'Europe ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe !"

Lire la suite et les commentaires >>>

lundi 1 juin 2015

FRANCK LEPAGE

Extrait de Inculture 2 (conférence gesticulée)
https://www.youtube.com/watch?t=123&v=LaVBD9aT7eY


CONSULTATION

La date de clôture de la consultation nationale est fixée au vendredi 12 juin 2015.
https://ppe.orion.education.fr/pole_ppe/itw/answer?1

samedi 23 mai 2015

TROC'PLANTS

vu sur le blog des CE2/CM1 de Mme Auduc >>>

mardi 19 mai 2015

PHOTOGRAPHIE de CLASSE

Chers parents

Les photos de classe sont exposées à l'école, une par classe, sur les vitres de la coursive.
Vous pouvez dès maintenant faire venir les consulter
Le prix de vente (au profit de la coopérative scolaire) n’a pas varié : 5 euros (exclusivement par chèque).

Merci de  retourner ce coupon réponse en accompagnant votre réservation d'un chèque du montant de la commande.

Les enseignants

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partie à retourner à l'école

NOM de l’élève : ------------------------------------------------------------

Classe :  Cours préparatoire

photo du CP :   5 € x  ...... exemplaire(s)

total : ............ €

Paiement par chèque établi à l'ordre de CCP coopérative scol. n° 465 68 Z Clermont-Fd



lundi 18 mai 2015

SEMAINE 30/36 lundi 18 mai 2015

LECTURE CUISSART : étape 70 (récapitulation). 
Rappel de la règle provisoire "Devant m, b, p, je relace le n par un m dans les sons in, an, en, on" .
Découverte de l'étape 71 (1/2) : eu oeu, oeur

COPIE : (cahier de classe) "J'ai écrit à mon oncle pour lui souhaiter sa fête."
Rappel : la phrase commence avec une lettre majuscule et se termine par un point.

ÉCRITURE : (sur le cahier de classe) date à 3 carreaux
L majuscule (1 ligne), l minuscule (1 ligne), Léna ou Lara (1 ligne)

DESSIN : (sur le cahier de classe) : frise du jour

DELILE : page en cours pour les rares élèves qui n'ont pas encore achevé la méthode


FREDI : page en cours + jeu de lecture. Lecture à voix haute de quelques élèves.

ANALYSE : "Sarah a eu une petite soeur." + dessin sur le cahier. Le verbe est "a eu". Qui est-ce qui a eu ? c'est Sarah (nom de personne, féminin singulier). Sarah a eu qui ? une soeur (nom de personne, féminin singulier). "Une" est l'article qui détermine le nom "soeur". Petite est l'adjectif qui qualifie la soeur de Sarah.

CALCUL : Révision de la table de multiplication par 2. Découverte de la table de multiplication par 5 (les résultats présentent toujours les unités 0 et 5).
Table du nombre de fois >>>
Sur le cahier de classe : exercice à compléter
4F 5 =...        9F 5 = ...               
8F 5 =...        3F 5 = ...
1F 5 =...        5F 5 = ...

Exercice sur l'ardoise : transformer 9F 5 en addition de nombres égaux
9F 5 = 5 +  5 +  5 +  5 +  5 +  5 +  5 +  5 +  5
Le maître explique que désormais nous remplacerons le F de fois par le symbole X.
4F 5 = 4x 5

LEÇON DE CHOSE : la dilatation des solides.
Aujourd'hui il fait chaud, le thermomètre dépasse les 25°C. Nous avons remarqué que le portillon est subitement difficile à ouvrir. Nous nous souvenons que les gaz se dilatent à la chaleur (lorsqu'on chauffe l'air de la fiole ouverte sur un ballon de baudruche, celui-ci se gonfle). Le maître explique qu'il en est de même pour les solides. En particulier les métaux se dilatent beaucoup à la chaleur. Notre portillon en fer ouvre et ferme librement par temps froid mais "coince" lorsqu'il est réchauffé par le soleil.

ULYSSE : épisode 24 "Au cours duquel une pluie de flèches décime le camp des Grecs".


CONJUGAISON : Le verbe AVOIR au passé composé.
Depuis janvier, nous avons présenté tous les temps simples du mode indicatif (présent, imparfait, futur et passé simple). Il est temps maintenant de nous intéresser aux temps composés (partie droite de chaque colonne). Nous commençons par le plus simple d'entre-eux : le passé composé. Les enfants comprennent la disposition du tableau : si le passé composé est apposé au présent, c'est que l'auxiliaire est précisément conjugué au présent.

notre tableau >>>

tableau simplifié >>>
  Ces tableaux doivent être compris et maîtrisés complétement en quittant l'école élémentaire. Le plus tôt est toujours le mieux pour sensibiliser les élèves puisque les connaissances doivent être structurées au sein d'une progression rigoureuse établie sur 5 années d'école primaire.

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TRAVAIL en FAMILLE (MAXIMUM 15 minutes)

Pour mardi 19 mai 2015

— Delile :
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dimanche 17 mai 2015

Idéologie, mondialisme, vers la destruction des civilisations

 Lu sur Agence Info Libre >>>
et enrichi de nombreux liens pour une meilleure compréhension de ce texte dense et riche

La Révolution française marque le début d’un monde et la fin de l’Ancien Régime. Toute la société française va devoir basculer vers une nouvelle trilogie : liberté, égalité, fraternité. Ce ne fut qu’une habile substitution idéologique par laquelle les révolutionnaires vont détruire les fondements de l’ordre ancien qui s’appuyait sur les vertus théologales : foi, espérance et charité. D’une société basée sur la croyance de Dieu et les fins dernières qui passent pas une vie charitable et exemplaire, l’homme va prendre une place centrale impliquant un individualisme ayant pour conséquence la fameuse maxime « Chacun pour soi et Dieu pour tous ».

L’origine du changement de paradigme trouve sa genèse à la fin du 15è siècle

Le premier philosophe de la Renaissance à avoir exalté l’humanisme et l’universalisme fut Érasme. Il échangea la notion centrale de Dieu par celle de l’homme. C’est sur ces bases que naquit la Réforme. Luther et Calvin, en attaquant le principe des indulgences, voulaient remettre en cause l’enseignement traditionnel et promouvaient de nouvelles règles censées détruire le clergé romain et rapprocher l’Homme de Dieu sans intermédiaire. Ils inventèrent l’individualisme. L’homme n’ayant plus que lui-même comme seul juge de sa conscience, ils ont détruit les liens sociaux et leurs organisations qui étaient administrés par l’Église. Le vide créé par ces changements obligèrent les Hommes à se tourner vers les idéaux des philosophes des Lumières. L’ordre divin allait petit à petit s’infirmer face à l’ordre naturel définit par le nouveau contrat social proposé au XVIIIe siècle.
Les grands féodaux et la haute bourgeoisie avaient trouvé le stratagème parfait pour s’émanciper de l’Église. En s’appuyant sur des concepts humanistes, ils allaient pouvoir prendre les prébendes du clergé. La Réforme inspirée par l’humanisme allait engendrer le capitalisme, et mettre l’argent au service des financiers qui s’affranchirent immédiatement de l’interdiction de l’usure, l’Église ayant perdu sa juridiction morale. L’Homme moderne tournait alors son esprit vers la raison matérialiste tout en laissant croître une nouvelle aristocratie financière, s’installant définitivement à la fin du XVIIIe siècle comme la nouvelle classe dirigeante.

L’avènement du Dieu raison

Descartes érige l’Homme comme « maître et propriétaire de la nature ». Kant précisait même les limites du Dieu créateur et parlait de l’Homme comme un être capable de jugements suffisamment objectifs pour ne plus se référer au surnaturel. Rousseau entreprit de démontrer que l’Homme est naturellement bon et que par conséquent rien n’est au-dessus de lui. Le long travail de la Réforme avait accompli son œuvre, l’Homme ne connaissait plus la honte, tout comme Rousseau qui abandonnait ses cinq enfants sans vergogne. Les utopistes et les idéologues du XIXe siècle vont s’appuyer sur ce nouveau contrat social pour construire une société financée par les banquiers internationaux.
Écarté du pouvoir, le clergé catholique ne pouvait plus lutter contre toutes les manipulations, contre toutes ces utopies qui laissaient croire au peuple souverain qu’il allait enfin diriger sa destinée vers des lendemains qui chantent. Depuis la Révolution française, force est de constater que le peuple n’a pas été convié au banquet par la nouvelle oligarchie, se contentant des jeux et du pain, car le pouvoir ne se partage pas. En revanche, la Révolution a inventé la division droite/gauche à partir de laquelle les gens vont s’affronter autour d’idéologies qui n’apportent que ruines et guerres.

L’avènement du nihilisme politique

Ces philosophes mis au Panthéon par la Révolution, après avoir mis la religion au ban de la société ainsi que sa doctrine morale, abolirent la distinction entre le bien et le mal. L’homme n’ayant de compte à rendre qu’à lui-même, a transformé sa conscience en une soi-disant objectivité. Entre une évolution spirituelle et un matérialisme laïque, le choix ne sera qu’illusoire. De ces théories politico-philosophiques du XIXe siècle émergea ce rationalisme matérialiste qui imposa la primauté des idéaux sur la vie humaine. L’évidence du modernisme libertaire et égalitariste devait s’affirmer, quitte à envoyer des millions de personnes à une mort certaine et à détruire une civilisation vieille de plus d’un millénaire.
Le socialisme/communisme et le capitalisme/libéralisme vont s’affronter dans une guerre idéologique qui perdure encore de nos jours. La dialectique hégélienne contemporaine repose sur l’affrontement de ces deux faces qui ne sont qu’une seule farce. Si en apparence il existe des différences de projet de société, ces doctrines sont en fait la résurgence du nihilisme politique. Ce dernier n’a pas seulement été déployé en Russie, sous forme d’anarchie, il reste une charge contre le divin et contre tout fondement moral ancien. Dans ce terreau fertile, les grands penseurs, de Marx à Hegel, ont opposé deux types de civilisations (une sorte de querelle entre Anciens et Modernes) mais surtout ont échafaudé un nouveau paradigme sur lequel les Hommes allaient se déchirer.
Les puissants de ce monde profitaient de cette révolution permanente pour dépecer et s’octroyer le pouvoir laissé vacant par l’ancien régime et le clergé. C’est pourquoi le XIXe siècle vit aussi l’avènement des sectes occultes, reflets de ce nihilisme politique qui ne pouvait prospérer que dans le secret, à l’inverse de la religion ancienne. La théosophie de Blavatski ou la Golden Dawn d’Aleister Crowley éblouissaient la haute société oisive, les intellectuels refoulés pour construire un nouveau tissu social élitiste bâti sur un syncrétisme religieux avec des rituels palladistes. L’élite du monde Anglo-saxon se partageait en deux grands courants de pensées d’où émergèrent en cette fin de XIXe siècle, la Round Table et les Fabians. Ces deux sociétés secrètes avaient un but commun malgré leurs différences (la Round Table représente plutôt les idées anglo-saxonnes du capitalisme et des WASP alors que les Fabians se réclament des idées de Ruskin c’est-à-dire le socialisme d’État) : former les élites dirigeantes sous l’œil bienveillant et avec les capitaux des plus grands financiers du temps.
La réalisation de cet ordre nouveau va se concrétiser lors du XXe siècle : les guerres mondiales vont être le moyen pour éradiquer définitivement les restes de l’ancien ordre et faire place au nouvel ordre mondial (Ordo Ab Chaos). Mondialisme, mondialisation ou nouvel ordre mondial, qu’importe le terme, la fin justifie les moyens des oligarchies modernes : « La politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde », cette phrase de Paul Valéry traverse les âges sans prendre une ride. Afin de mettre définitivement hors d’état de « nuire » les derniers résistants à l’humanisme et au nihilisme, il fallait trouver un stratagème. Le nationalisme était le remède à ce problème : cette doctrine guerrière s’imposait pour amener les peuples à s’entre-tuer : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas » (toujours Paul Valéry), pour renforcer la mainmise des financiers sur l’économie mondiale et détruire l’État-nation.

Les conséquences de la première guerre mondiale

A la fin de la première guerre mondiale, une nouvelle étape avait été franchie : les piliers de l’ancienne civilisation, l’Europe des rois et des autocrates avait été éradiquée, curieusement, à l’exception de la plus nocive de toute, les Windsor. Les États-nations, un gouvernant/un peuple, se sont disloqués : les financiers secrets conduisaient la modélisation de l’Europe en accord avec un humanisme dévoyé au service des idéologies mondialistes. L’ancien monde a été balayé, les hommes ont été envoyés dans une effroyable boucherie. Les peuples européens ruinés et affamés étaient pourtant en plein essor économique, c’était « la belle époque ». Le traité de Versailles portait en germe les causes de la seconde guerre mondiale. Sur ces ruines, les banquiers de Wall Street se sont gavés (les barons rouges), les Anglais et les Américains se sont partagés le pétrole mondial sur les cendres de l’Empire ottoman.

Les idéologies ont eu raison des hommes et les financiers des États

En ce début de XXe siècle, le parti catholique n’est plus : la laïcité a porté le coup de grâce. Cette nouvelle religion consanguine des aspirations jacobines et de son culte de l’être suprême, jette aux oubliettes les dernières illusions de restauration de l’ordre ancien. La nouvelle norme laïcarde « est d’autant moins discutée qu’elle utilise à son profit une rhétorique moralement gratifiante de tolérance qui masque sa très réelle intolérance à l’encontre de ce qui n’est pas elle-même »[1]. Depuis 1905, ce dogme anathémise les trublions du prêt-à-penser médiatique. Malheur aux mal-pensants, vite calomniés et maudits par les théocrates de la laïcité.
La première guerre mondiale, initiée grâce à la résurgence du nationalisme et du nihilisme, permit le bouleversement souhaité par les financiers : intrusion des États-Unis dans les politiques européennes (même si certains croient encore à la doctrine Monroe : sur 239 ans d’existence les États-Unis ont été 222 ans en guerre[2]), brutalisation des comportements, révolution bolchevique, révolution fasciste en Italie, révolution nationale-socialiste en Allemagne. Les affaires concluent avec les dictatures nouvellement créées sont toujours plus lucratives. Les idéologies politiques d’extrême-droite ou de gauche donnaient l’illusion à la piétaille d’un retour à un pouvoir autocratique. Mais ces nouveaux dictateurs, abreuvés d’idéologie mondialiste et de révolution mondiale, servaient une nomenklatura financière anglo-saxonne qui tirait les ficelles (bien que quelques impondérables aient perturbé leurs desseins comme l’arrivée de Staline au pouvoir). L’histoire continuait son cours : la guerre qui s’en suivit allait saigner l’Europe, les déportations et les camps de la mort en prime. La brutalisation avait atteint son paroxysme.

De la guerre sanglante à la guerre froide

Le monde allait tomber dans la plus grande hypocrisie idéologique, dans une parodie de guerre mais jamais les profits ne furent aussi importants.
Les démocrates, contempteurs des vertus mondialistes et les marxistes, thuriféraires d’une solidarité internationaliste, se sont affrontés pendant plus de cinquante années de guerre froide. La doctrine Jdanov contre l’endiguement américain, illusion politique qui a rythmé la vie du monde jusqu’à l’effondrement de l’URSS. Chacun avait sa chasse gardée et dominait sa partie du monde, la peur alimentait les débats, les peuples ne restant que des pions sur ce grand échiquier.

L’avènement du mondialisme

La seconde guerre mondiale terminée, un nouvel ordre mondial s’élabore. L’Europe définitivement écartée des décisions substantielles au renouveau, s’en remettait aux deux vainqueurs, aux deux dogmes mondialistes. Ils allaient imposer une vision du mal au monde, chaque camp prétendant représenter le bien, ancien apanage de l’Église qu’ils combattirent tous deux. Les trois protagonistes de Yalta s’attachèrent à démanteler les empires coloniaux européens, selon l’adage utilisé depuis la Révolution française : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est en vertu de cet axiome que l’OTAN bombarde des populations et que nos célèbres humanistes justifient leurs préceptes belliqueux. Alors que nos élites baignent dans un flot de concepts « misanthromanistes », jouant à la guerre froide, la révolution mondiale suit son cours, la civilisation européenne se meurt petit à petit.
Les intellectuels invitent les pays européens à un nouveau fantasme : les États-Unis d’Europe censés nous protéger de l’ogre communiste. Le combat contre le mal, venu de l’est étant assuré, quel est le remède contre le mal venu de l’ouest ? Aucun puisque la dialectique américaine est assez simpliste : vous êtes avec eux ou contre eux, comme le formulait Georges Walker Bush après les attentats des tours jumelles. De plus, les Européens ne pouvaient plus se battre : leurs élites étaient formées dans l’Ivy league ou dans les universités anglaises, c’est-à-dire les séminaires du projet mondialiste. Ces dernières n’avaient plus qu’à trahir leurs concitoyens en bradant l’Europe aux multinationales. La formation des élites au projet mondialiste se poursuit dans les think tank, antichambres de la mondialisation sauvage, qui pullulent depuis l’après-guerre : Bilderberg, forum de Davos, Trilatérale, le Club de Rome, etc. Ces sherpas impulsent les politiques, maintiennent l’ordre financier établi par les banquiers après la première guerre mondiale et ne cesse de s’hypertrophier : libéralisation des échanges, « bankstérisation » de l’économie.
Les arcanes du mondialisme se retrouvent donc en place dès l’après-guerre : plan Marshall contre démocraties populaires, OTAN contre pacte de Varsovie, Voice of America contre la Pravda, etc. Pourtant dans l’officine du nouvel ordre mondial, le siège de l’ONU, rien n’opposait les deux hyperpuissances, sauf les effets de style tels ceux de Khrouchtchev ou Kennedy. D’ailleurs Harry Dexter White, espion soviétique, démasqué sous Truman fut « condamné » à prendre la tête du FMI en 1946. Chacun œuvrait vers le but ultime en divisant l’humanité pour l’englober dans le village mondial. Les illusions sociales des 30 glorieuses permettaient aux occidentaux de rester aveugles face aux menaces et aux manipulations. Les progrès technologiques entretenaient le mirage d’une condition matérielle confortable. Les financiers en profitaient pour construire arbitrairement le monde que nous connaissons actuellement. Dans l’ombre, les multinationales florissaient, les bourses entretenaient la cupidité des manieurs d’argent alors que les dettes nationales explosaient après les chocs pétroliers. Ces aspects du monde moderne mirent à mal les apparences car il ne peut y avoir d’enrichissement dans l’impécuniosité. Le revers de la médaille devient apparente : chômage de masse, paupérisation de l’Occident, pertes des libertés fondamentales, insécurités, etc. Cependant, l’ONU ou l’Union Européenne, prétendues garants des droits de l’homme, font preuve d‘un mutisme assourdissant devant les pillages des seigneurs mondiaux. L’état de nécessité reconnu depuis 3000 ans dans toutes les constitutions, y compris les leurs, semble leur échapper totalement.
Où sont passées les chantres de la liberté, les grands défenseurs de l’égalité, censées nous prémunir des autocrates et de l’Église ? Dans quelle mesure les sociétés fraternelles nous ont offert ce droit au bonheur pourtant si proclamé dans leurs diverses Constitutions ? A quoi sert l’ouverture des frontières si les peuples ne peuvent bénéficier d’une justice sociale ni de moyens décents pour se déplacer ?
Si ceux qui nous ont inventé ces mirages ne respectent pas les plus petites lignes, depuis Rousseau, où se trouve cette souveraineté populaire ? Comment qualifier ce système politique ? Si l’arbitraire royal a été supprimé au nom d’un arbitraire idéologique et plus sûrement « financiaro-mondialiste », nos élites ne valent pas mieux que celles qu’elles ont détruite jadis. Pire encore, le jeu de dupes instauré depuis la fin des guerres mondiales, entretient la duplicité des gouvernants soi-disant admis comme les protecteurs des valeurs démocratiques, mais plus certainement des familles oligarchiques.

Et maintenant ?

L’effondrement du bloc communiste nous a offert un spectacle remarquable. Alors qu’il ne reste plus qu’aux masses le choix entre le socialisme démocratique ou la démocratie sociale, le capitalisme mondialisé trône sur les décombres d’un combat idéologique faisandé. Malheureusement pour la piétaille, la lutte de l’empire du mal contre celui du bien, sous la houlette du complexe militaro-financier, s’est muté en combat de l’axe du bien contre celui du mal, pour le plus grand bonheur de l’industrie de l’armement. Depuis la fin de la guerre froide, les tensions se sont déplacées vers le Moyen-Orient confirmant ainsi la théorie de Samuel Huntington : le choc des civilisations. Dans un de ses chapitres, il explique les caractéristiques des guerres civilisationnelles[3] où dans ce genre de conflit les adversaires cherchent souvent à « conquérir un territoire et d’en éliminer les autres peuples par l’expulsion, l’assassinat ou les deux à la fois, c’est-à-dire la purification ethnique ». Il ajoute aussi ceci : « les guerres civilisationnelles […] sont des conflits qui s’éternisent. Ils durent en moyenne six fois plus longtemps que les guerres entre états ». Ce choc des civilisations est décrit comme un affrontement entre l’Occident et le monde musulman. Toute la propagande occidentale vise donc à « démontrer que des hordes de terroristes musulmans[4] » pourraient traverser nos frontières afin de déstabiliser l’Europe. Vaste programme puisque depuis les attentats du 11 septembre, ce sont bien les Occidentaux qui financent les islamistes pour créer les conditions favorables aux diverses révolutions. Étonnamment, les peurs autrefois tournées vers le communisme s’orientent cette fois vers l’islam. Le discours officiel de nos élites ou gouvernants tend à nous montrer les risques du développement de l’extrémisme, qu’eux-mêmes alimentent en armes et en logistiques[5]. Si une troisième guerre mondiale devait se déclarer à travers une guerre civilisationnelle, les élites ne pourraient pas s’y prendre autrement. Peut-être s’inspirent-ils de la vision d’Albert Pike qui pensait que trois guerres mondiales auraient lieu et que la dernière amènerait le monde musulman à affronter les sionistes et leurs alliés…
D’autre part, si l’on s’intéresse au cas français, l’idéologie dominante est centrée sur une laïcisation outrancière et sur une liberté d’expression cadenassée.
Les élus cherchent à ostraciser le religieux de la société mais particulièrement celui qui concerne le catholicisme et l’islam. Les Catholiques sont tournés en ridicule par les médias (comme ce fut le cas lors des manifestations sur le mariage homosexuel), les musulmans sont la cible du Front National et de l’UMP. Ces derniers étant déjà pointés par l’oligarchie mondialiste, nos élus suivent le sens du vent. Les lieux de culte peuvent être dégradés[6], des actes racistes à l’encontre de femmes voilées[7] peuvent être pratiqués, le silence des médias interroge. Surtout que les actes contre ces deux religions sont en constante augmentation. En fait, depuis que le CRIF se rapproche des dirigeants du FN[8] et leur mutation politique, on a l’impression que les idées d’Huntington se sont définitivement importées en France.
Chaque fait divers ou attentat devient une justification pour créer des lois toujours plus liberticides et malheur à ceux qui s’opposent à cette dictature de l’esprit.
In fine, l’État français sombre dans un combat idéologique défendant des préceptes iniques (financiarisation de l’économie, guerre civilisationnelle, accumulation de lois liberticides) en totale inadéquation avec les valeurs républicaines et démocratiques. La Révolution française prétendait représenter la modernité contre l’obscurantisme catholique. Depuis trop longtemps, les droits naturels revendiqués par les Lumières sont relégués derrière la lutte contre le terrorisme et la contestation. On peut donc se demander, en s’inspirant d’une citation de Suarez[9]: quand un état ne défend plus les droits naturels, ne serait-il pas en train de tomber un arbitraire politique qui est tout simplement le domaine des états despotiques. La civilisation ancestrale européenne a disparu, les chantres du nouvel ordre mondial ont définitivement corrompu les valeurs humaines et les droits les plus élémentaires.


[1]              Venner D., « le siècle de 1914 », p10.
[2]              http://reseauinternational.net/les-etats-unis-ont-ete-en-guerre-222-des-239-annees-de-son-existence/
[3]                      S. Huntington, « le choc des civilisations », p.278.
[4]                      http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/04/23/31002-20150423ARTFIG00271-ivan-rioufol-l-immigration-une-menace-pour-l-europe.php
[5]                      Voir LAILn°1
[6]                      http://www.ladepeche.fr/article/2015/04/16/2088361-le-cimetiere-de-castres-saccage-200-tombes-vandalisees.html
[7]                      http://www.slate.fr/story/99693/laicite
[8]                      http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2015/02/leloge-du-crifa-marine-le-pen.html
[9]              Disciple de St Thomas d’Aquin

dimanche 3 mai 2015

interview

 
En perte de vitesse dans les classements internationaux, notre Education nationale ne songe pas à se remettre en cause et à - pourquoi pas ? - regarder ce qui fonctionne ailleurs. Comble de l'hérésie, des enseignants britanniques ont osé se rendre à Shanghai, nouveau lieu de l'excellence dans ce domaine.

Atlantico : 70 enseignants britanniques sont partis à Shanghai, numéro 1 au classement PISA, pour observer les méthodes éducatives qui y sont employées, rapporte le site The Conversation (voir ici). Alors que la France s’épuise actuellement dans des débats autour des nouveaux programmes, que pensez-vous de cette démarche consistant à se rendre sur place pour voir ce qui se fait ailleurs ?

Jean-Paul Brighelli : Les Anglais ont au moins l’originalité d’aller voir les systèmes éducatifs les plus performants — on aurait pu citer Singapour (particulièrement pour les mathématiques) ou la Corée du Sud à côté de Shanghai, qui non seulement est en tête des classements, mais triomphe chaque année depuis au moins dix ans dans les Olympiades de maths.
 Nous, nous nous obstinons à chercher des modèles dans les systèmes qui caracolaient en tête de PISA il y a dix ans — essentiellement la Finlande. Ce sont des choix idéologiques : les pédagogistes à la manœuvre en France seraient outrés de l’initiative britannique : la pédagogie chinoise est, de notre point de vue européen, quasi terroriste. Beaucoup d’appelés, très peu d’élus : l’accès au Supérieur est extrêmement filtré. Bref, chacun va voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

Il est ressorti de ces observations que les Chinois pratiquent la méthode d’enseignement qui était traditionnellement en vigueur en Europe il y a 40 ans. Bien que Shanghai soit connu pour son système extrêmement élitiste et peu représentatif du reste de l’éducation chinoise, quels enseignements pourrait-on en retirer ? Toute idéologie mise de côté, qu'est-ce qui est bon à prendre ?

L’Angleterre n’a pas attendu Shanghai pour avoir Oxford ou Cambridge. Nous n’avons pas attendu la Finlande pour avoir le meilleur système d’enseignement au monde — celui de la IIIème République. Chaque pays doit développer le système qui lui est propre. On peut toujours aller voir ailleurs, mais c’est en restant fidèle à son propre génie que l’on réussit le mieux. Croyez-vous que les Chinois soient tentés de copier le système français ? Nous avons nous-même démantibulé l’école de la République en nous laissant influencer par des pédagogues américains des années 1950, puis en les combinant avec des idéologies scandinaves. Résultat, nous ne savons plus enseigner à la française. On ne réussit pas un boeuf bourguignon en allant voir comment les uns préparent le hamburger ou le hareng à la crème aigre et les autres le canard laqué.

Dans la plupart des pays occidentaux il est de nos jours considéré que l’enfant doit être actif pour mieux assimiler les connaissances. Cependant, la réussite chinoise tend à démontrer que la posture en apparence passive de l’élève face à un professeur qui, craie en main, expose le contenu du cours, ne nuit pas à sa réussite, et pourrait même l’améliorer. Comment l’expliquez-vous ?

L’enfant est une pâte molle, dans laquelle on peut imprimer une foule de connaissances. De surcroît, il est demandeur — en quête de "pourquoi" dès qu’il sait parler —, et désireux de faire plaisir. Et contrairement à une légende entretenue par les plus paresseux des pédagogues, il n’est pas rétif au travail, pourvu qu’on lui en explique les objectifs et l’intérêt. Et il adore rentrer chez lui le soir et étaler ce qu’il a appris pendant la journée — sauf qu’on ne lui apprend littéralement plus rien depuis qu’il est censé être "acteur de son propre savoir", quoi qu’un tel jargon puisse signifier.

Selon une étude britannique (voir ici), le fait de s’adapter au profil d’apprentissage de chaque enfant, et d’abandonner le système de notation traditionnel pour un mode d’évaluation moins "traumatisant" serait inefficace. Aurions-nous dû en rester aux méthodes d’enseignement héritées de la 3e république ?

L’enseignement à la carte institutionnalisé est une aberration. Un vrai enseignant s’adapte naturellement sinon à chaque enfant, du moins à chaque groupe. Son travail c’est de trouver le biais pour faire entrer des connaissances nouvelles dans des crânes vierges. En prétendant que les enfants pouvaient "construire" (d’où l’appellation de "constructivisme" donné à cette idéologie aberrante) son propre savoir, on a renoncé à la transmission verticale, qui est le seul moyen — le seul ! — de faire passer des connaissances. Croyez-vous que les hommes des cavernes aient perdu du temps à suggérer à chacun de leurs gosses de chercher chacun de son côté le moyen de faire du feu ? Ils le leur apprenaient — et les enfants, formés, trouvaient d’autres techniques. C’est ainsi que ça marche — et pas autrement. Les Chinois l’ont compris — et ils dominent le monde. Nous faisons le contraire — et notre civilisation s’effondre. À vous de conclure à qui la faute.

samedi 2 mai 2015

Ivan Illich Un Regard Certain


Lu sur Agoravox.fr >>>



Pandora, Prométhée, Épiméthée, l'École, ... racontés par Ivan Illich
...

jeudi 30 avril 2015

Pour une contre réforme du collège



C’est en discutant entre amis que nous est venue cette idée : proposer une contre réforme du collège.
Nous déplorons les orientations des nouveaux programmes, nous nous récrions de la moindre place accordée au savoir dans l’institution publique, nous rions nerveusement des délires pédagogistes et observons impuissants le succédané d’instruction imposé aux jeunes générations.
Mais, à ce jour, nous n’avons jamais lu de contre proposition véritable.
En voici donc une.
Cet article devrait commencer par un état des lieux de l’enseignement secondaire en France. Nous nous en passerons tant il est aujourd’hui sans appel.
Prenons cependant aux mots le ministère de l’éducation nationale qui désigne le collège comme «maillon faible» du système français et qui annonce souhaiter faire des enseignements élémentaires une priorité, tout en réduisant les contenus disciplinaires et les volumes horaires.
Dans notre conception de l’instruction, le collège se doit à la fois d’être très ambitieux et de bien préparer les jeunes adolescents à la suite de leur scolarité, mais sans perdre de vue qu’il s’agit justement de jeunes personnes.
Nous insistons ici sur les deux axes au cœur de cette contre réforme : la primauté des savoirs et l’explicitation des attentes implicites de l’école1.
Pas d’interdisciplinarité, de projets personnels encadrés, d’élève au centre de la construction des savoirs ou autres EPI donc dans notre projet. Il s’agit ici de pratiques certes louables chez un individu déjà formé et instruit, mais qui n’a aucun sens chez un enfant de onze ans qui ignore encore légitimement presque tout des disciplines qu’il aborde.
Nous constatons, sans trop nous étendre ici, que nous abandonnons notre modèle d’école pour un autre modèle. Nous finissons de délaisser le modèle de l’école latine dont nous avions hérité et que nous avons connu durant des siècles avec un succès certain, pour adopter un modèle d’école anglo-saxon construit autour d’activités et non de cours, autour de skills2 et non de savoirs.
Nous refusons ce choix, et réaffirmons la primauté des savoirs dans la formation de la jeunesse. Nous prétendons que sans un apprentissage long et exigeant de la langue française rien n’est possible. Nous soulignons le rôle des humanités dans la formation de l’esprit, y compris scientifique.
Voici donc un début de projet de contre réforme du collège.
De la sixième à la quatrième
Nos objectifs sont très clairs. Pour tout élève de fin de quatrième (quatorze ans) nous voulons:
  • Qu’il maîtrise parfaitement les règles grammaticales élémentaires et l’orthographe de la langue française. Qu’il sache lire sans aucune difficulté. Qu’il ait un vocabulaire important.
  • Qu’il ait connaissance des faits historiques et géographiques élémentaires (Histoire de France événementielle, chronologies, cartes, etc.).
  • Qu’il bénéficie d’un enseignement des mathématiques logique et exigeant (résolutions de problèmes, géométrie, calcul mental, théorèmes, etc.) le préparant efficacement à l’apprentissage des autres sciences.
  • Qu’il soit capable de tenir une conversation simple dans une langue vivante étrangère et de lire un texte simple. (2000 mots de vocabulaire, étude de la grammaire exhaustive, conversation)
Seulement une fois ces savoirs acquis, l’élève sera capable de poursuivre des études secondaires sereinement, de tirer pleinement profit de son intelligence et de découvrir de nouvelles disciplines.
Il n’y a rien d’utopique dans ce programme.
En prenant une base de 28h hebdomadaires d’enseignement, comparable aux 27.5h du collège unique, voici ce que nous proposerions de la sixième à la quatrième (nous parlerons de la troisième plus tard) :
Volume horaire de la sixième à la quatrième

Contre réforme
Collège
Français
8h
4.5h
Histoire-Géographie
6h
3h
Langue vivante 1
4h
3h
Mathématiques
6h
4h
Latin
4h
néant
Langue vivante 2
néant
2.5h
Technologie
néant
1.5h
Musique
cf. mesure annexe
1h
Arts plastiques
cf. mesure annexe
1h
EPS
cf. mesure annexe
4h
Physique
néant
1.5h
Biologie
néant
1.5h
TOTAL
28h
27,5h
L’enseignement de la langue française est ici fortement renforcé. Les élèves y apprendront la lecture, la grammaire, les conjugaisons et l’orthographe avant toute autre chose, de façon raisonnée, exhaustive et exigeante. Aucune leçon ne sera jamais laissée de côté une fois achevée. Les travaux d’écriture seront évalués sur leur forme autant que sur leur sens. La littérature sera un agrément plaisant et à visée édifiante.
Quatre heures de latin pour tous les élèves permettront de renforcer la syntaxe et la logique des élèves, tout en enrichissant leur vocabulaire. Le thème et la version seront deux exercices pratiqués couramment. L’histoire de l’Antiquité sera abordée au sein de cet enseignement, transmettant ainsi les bases du savoir humaniste.
La première langue ne sera pas obligatoirement l’anglais. La grammaire de la langue sera étudiée méthodiquement et le vocabulaire construit de manière raisonnée.
Il paraît nécessaire de doubler le temps alloué à l’Histoire et à la Géographie. L’enseignement de l’Histoire se fera de manière chronologique afin d’offrir un cadre de compréhension du monde, ce qui n’interdira en rien la réflexion. Les approches thématiques sont donc abandonnées.
Les élèves y apprendront l’histoire de France du Vème au XIXème siècle. Les savoirs objectifs primeront l’analyse qui sera réservée aux classes supérieures.
En Géographie, les adolescents apprendront les bases de la géographie humaine nécessaires à la compréhension de l’histoire, et plus tard de l’économie.
L’enseignement des mathématiques sera grandement renforcé. Seront enseignées toutes les bases nécessaires à la pratique des sciences et à la vie courante. Les aspects technique, calculatoire et logique ne seront pas dédaignés.
Si l’enseignement des arts et du sport disparaît du collège, il sera cependant obligatoire de pratiquer deux de ces activités au sein d’une structure spécialisée : club de sport, école de musique ou école de beaux arts.

Voici ainsi à quoi ressemblerait l’emploi du temps hebdomadaire d’un collégien de la sixième à la quatrième :
jhdhdfgh
Pas de classe le mercredi afin de se reposer et de pratiquer des activités sportives et artistiques.
Classe le samedi matin.
Deux heures d’étude surveillée chaque soir permettront aux élèves d’apprendre leurs leçons. Ces heures seront obligatoires pour tout élève en difficulté. Ces heures d’études seront dirigées par les professeurs de l’établissement.
Les élèves présenteraient le brevet en fin de quatrième.
Une orientation vers des voies professionnelles (CAP, apprentissage.) serait possible au sortir de la classe de quatrième si l’élève a obtenu le brevet.
La troisième
Il s’agirait d’une classe préparant à un lycée dont il faudrait aussi faire la contre réforme.
Volume horaire de la classe de troisième

Contre réforme
Collège
Français
4h
4h
Histoire-Géographie
4h
3,5h
Langue vivante 1
4h
3h
Mathématiques
4h
3,5h
Latin et Grec
2h+2h
néant
Langue vivante 2
4h
2,5h
Technologie
néant
1,5h
Musique
néant
1h
Arts plastiques
néant
1h
EPS
néant
3h
Physique
2h
1,5h
Biologie
2h
1,5h
TOTAL
28h
26h

Les stratégies pédagogiques resteraient les mêmes qu’exposées précédemment, cependant :
L’enseignement du Français se tournerait désormais vers l’étude de la littérature et de l’histoire littéraire tout en continuant de renforcer la maîtrise technique de la langue.
L’Histoire et la Géographie auraient pour objet l’étude du XXème siècle. On introduirait de manière raisonnable des sujets de réflexion.
Les élèves débuteraient une deuxième langue vivante et découvriraient le grec ancien tout en poursuivant le latin.
Les sciences physiques et la biologie seraient enseignées dans l’optique du lycée.
Nous voulons croire qu’ainsi, il serait possible de voir se construire un collège répondant aux aspirations de la population française : un collège qui donne à ses enfants les savoirs nécessaires à la compréhension du monde tout autant qu’à la poursuite d’études ; un collège offrant suffisamment de maîtrise de la langue pour permettre à tout élève de lire un texte par lui-même et d’être ainsi autonome dans ses apprentissages futurs ou dans sa vie adulte.
Nous voulons croire que le désamour et le dédain des jeunes générations pour l’institution scolaire proviennent avant tout de la démission de cette dernière. Nous sommes certains que les enfants des classes populaires méprisent une école qui leur fait croire à l’intégration sans leur donner les armes pour combattre les déterminismes sociaux. Comment estimeraient-ils une école qui n’a même pas réussi à leur apprendre à lire et à écrire ?
Nous voulons aussi croire que cette contre réforme salutaire profiterait autant à la société qu’à la recherche universitaire.

Lassés de ne rien faire et de déplorer le monde comme il va, et persuadés qu’il est devenu impossible de se battre au sein de l’institution publique pour faire entendre la voix du bon sens, nous avons désormais la détermination de créer un premier collège hors contrat (à but non lucratif), libre d’appliquer les méthodes d’instruction que nous avons ici exposées.
Tout reste à faire : réfléchir encore, construire précisément les programmes, trouver les financements, les locaux, etc.
Nous échouerons peut-être, mais nous avons pour ambition de prouver que le déclin de notre instruction nationale ne répond à nulle fatalité autre que celle de notre résignation.

1Il s’agit de faire apparaître très clairement les attentes de l’enseignant, de dire sans détour ce qui est important dans un cours. Cela semble évident, mais ne l’est pas. Voir par exemple :
2Terme de l’OCDE traduit par «compétences».

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 En écho à cette contre réforme : par Alinéa (sur Agoravox) >>>
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Lire également : Pourquoi les socialistes haïssent-ils les professeurs ? Par Denis Collin, décembre 2013